
Dans les couloirs sombres d’un vaisseau abandonné, le moindre bruit devient menace. Bienvenue dans l’univers du jeu de rôle Alien, une plongée en apnée dans l’horreur spatiale, inspirée de la célèbre saga cinématographique de Ridley Scott. Depuis 2019, cette adaptation rôliste éditée par Free League Publishing fascine les amateurs de science-fiction oppressante, mêlant huis clos, créatures extraterrestres et survie désespérée. À La Compagnie Grise, le club de jeux de rôle et de simulation de Limoges, une campagne palpitante est actuellement en cours, preuve de l’intérêt durable pour ce titre unique. Mais que vaut vraiment ce jeu de rôle ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble.
I. Jeu de rôle Alien : un univers de science-fiction horrifique
Depuis ses origines cinématographiques en 1979, l’univers d’Alien a marqué durablement la science-fiction par son ambiance étouffante et sa vision cauchemardesque de l’espace. Le jeu de rôle Alien ne fait pas exception : il plonge les joueurs dans une réalité où l’humanité a colonisé les étoiles… mais où l’espace reste un territoire inhospitalier, silencieux et mortel.
Le cœur de cet univers repose sur la tension constante, renforcée par l’isolement, l’inconnu, et la menace omniprésente des xénomorphes — ces créatures iconiques à la biologie terrifiante. Les joueurs incarnent des colons, des marines, des scientifiques ou des civils, souvent piégés dans des environnements fermés (vaisseaux, stations orbitales, planètes minières), face à des horreurs qu’ils ne peuvent ni comprendre, ni vaincre facilement.
La mégacorporation Weyland-Yutani incarne le cynisme et l’avidité humaine, ajoutant une couche supplémentaire de danger et de dilemmes moraux. Dans cet univers, l’ennemi n’est pas toujours un monstre avec des crocs : il peut aussi porter une cravate. Tout est conçu pour favoriser une ambiance paranoïaque, paranoïa renforcée par la suspicion entre personnages, les ordres ambigus, et l’omniprésence de la mort.
Bref, le jeu de rôle Alien est un concentré d’horreur existentielle, une expérience de science-fiction immersive qui pousse les joueurs à explorer leurs limites… et à prier pour qu’ils n’entendent jamais le moindre bruit dans l’obscurité.
II. Les deux modes de jeu du jeu de rôle Alien : cinématique vs campagne
L’une des originalités majeures du jeu de rôle Alien réside dans sa structure à deux modes de jeu bien distincts : le mode cinématique et le mode campagne. Chacun propose une expérience unique, adaptée à différents types de joueurs et de scénarios.
Le mode cinématique : la survie ne tient qu’à un fil
Ce mode s’inspire directement des films de la saga Alien. Il s’agit généralement de one-shots — des scénarios joués en une ou deux séances — où la priorité est mise sur la tension narrative, le rythme effréné et une forte létalité. Les personnages sont souvent pré-tirés et possèdent des objectifs secrets, ce qui favorise la méfiance et les retournements de situation.
Le scénario d’introduction “Chariot of the Gods”, inclus dans le Starter Set, est l’exemple parfait de ce format : les joueurs incarnent des membres d’un équipage confronté à un vaisseau dérivant dans l’espace… et à ce qu’il contient. L’ambiance est claustrophobique, les décisions doivent être rapides, et les morts brutales sont fréquentes.
Le mode campagne : étendre l’univers, construire ses personnages
À l’inverse, le mode campagne permet une construction plus lente et plus riche des personnages, avec des arcs narratifs longs, la gestion de ressources, l’exploration de planètes, la diplomatie et des enjeux plus vastes. Le jeu prend alors des allures de space opera survivaliste, où les personnages peuvent évoluer, tisser des relations, et développer une forme de stratégie à long terme.
Des suppléments comme “Colonial Marines Operations Manual” ou “Destroyer of Worlds” enrichissent ce format en offrant des contextes militaires ou politiques plus vastes, tout en maintenant l’omniprésence de la peur.
III. Le système Year Zero au cœur du jeu de rôle Alien
Le jeu de rôle Alien repose sur une version adaptée du système Year Zero, développé par Free League Publishing. Ce moteur de jeu, utilisé dans plusieurs de leurs productions (Tales from the Loop, Mutant Year Zero, etc.), est ici modifié pour renforcer l’atmosphère tendue et dangereuse de l’univers Alien. Il privilégie la narration fluide, les choix difficiles, et l’immersion dans une ambiance de survie constante.
Dés de base et dés de stress : une mécanique de tension
Les actions sont résolues à l’aide de dés à six faces (d6). Chaque compétence et attribut du personnage permet de lancer un certain nombre de dés de base. Pour réussir une action, il suffit d’obtenir au moins un 6.
Mais c’est l’ajout des dés de stress qui donne toute sa saveur au système : plus votre personnage est soumis à des situations critiques, plus son niveau de stress augmente — et plus vous ajoutez de dés à vos jets. Cela augmente vos chances de réussir… mais aussi vos risques de subir un effet de panique, qui peut aller du simple tremblement à la fuite incontrôlée.
Un système fluide, au service de l’ambiance
Le système Year Zero dans Alien est conçu pour rester léger et rapide, sans détourner l’attention de l’histoire. Il favorise une prise de décision instinctive, met les joueurs sous pression, et crée une montée de tension progressive, sans nécessiter de règles complexes ou d’innombrables jets.
Les talents, les points d’histoire, les conditions de santé, et l’équipement contribuent à enrichir les choix tactiques, sans alourdir le jeu. Le système fait donc le lien parfait entre simplicité mécanique et intensité narrative
IV. Matériel de jeu : starter set, livres, suppléments
Le jeu de rôle Alien se distingue également par la qualité et la richesse de son matériel. Que vous soyez débutant ou MJ expérimenté, vous trouverez des ressources adaptées pour plonger dans l’univers sombre et dangereux du jeu.
Le Starter Set : une porte d’entrée idéale
Le Starter Set est une boîte d’initiation extrêmement bien conçue. Elle contient :
- Un livret de règles simplifiées
- Le scénario “Chariot of the Gods”
- Des personnages pré-tirés
- Une carte, des dés spéciaux (dont les dés de stress)
- Des aides de jeu
Accessible et immersive, cette boîte est idéale pour découvrir le jeu sans avoir à tout maîtriser d’emblée. Elle propose une expérience cinématique intense, fidèle à l’esprit du premier film.
Le Core Rulebook : la version complète du jeu
Pour aller plus loin, le livre de base propose une version complète du système, avec toutes les règles, les options de création de personnage, la gestion avancée de la campagne, et une vaste présentation de l’univers. Il inclut également des outils pour le MJ, des tables aléatoires et de nombreuses idées de scénarios.
Les suppléments : enrichir vos campagnes
Plusieurs extensions officielles sont venues étoffer l’offre :
- Colonial Marines Operations Manual : parfait pour des campagnes militaires à la “Aliens”, avec une campagne intégrée.
- Destroyer of Worlds : un scénario cinématique ambitieux, plus complexe que Chariot.
- Heart of Darkness, Building Better Worlds, etc. : d’autres modules permettant d’explorer les confins de l’univers connu.
Le soin apporté à l’édition (illustrations, mise en page, ambiance graphique) est à saluer : chaque produit est une immersion visuelle et narrative.
V. À qui s’adresse le jeu de rôle Alien ?
Le jeu de rôle Alien n’est pas un JdR grand public à destination de tous les profils de joueurs. Il s’adresse à une niche bien précise, en quête de sensations fortes et d’univers sombres. Voici à qui il conviendra le mieux.
Pour les amateurs d’horreur et de science-fiction
Si vous aimez les univers de science-fiction dystopique, les récits de survie, les intrigues militaires à la “Aliens” ou les huis clos paranoïaques comme dans “Alien le 8e passager”, ce jeu est fait pour vous. Il ne s’agit pas ici de combattre des monstres à coups de pouvoirs magiques, mais de survivre, souvent sans espoir, face à des menaces que vous ne comprenez pas.
Un jeu plutôt adulte
Le jeu traite de thèmes sombres : peur, trahison, exploitation, solitude, mort brutale. Il est donc recommandé à un public adulte ou au moins mature, capable d’accepter la létalité élevée du système et la charge émotionnelle que peuvent générer certains scénarios. Les joueurs doivent être prêts à perdre leur personnage… et à vivre avec.
MJ expérimentés ou bien préparés
Le mode cinématique peut être pris en main par des MJ débutants grâce au Starter Set, mais pour mener une campagne, mieux vaut avoir de l’expérience en narration, en gestion de rythme et en ambiance. La maîtrise du système Year Zero est rapide, mais construire une atmosphère digne d’Alien demande un peu de doigté.
À La Compagnie Grise, les joueurs plongés dans la campagne en cours confirment ce ressenti : le jeu récompense ceux qui aiment le rôle intense, la tension dramatique, et les récits à la fois intimes et mortels.
VI. Critique du jeu de rôle Alien : forces et faiblesses
Le jeu de rôle Alien a su séduire de nombreux rôlistes depuis sa sortie en 2019. Mais comme tout jeu, il n’est pas exempt de limites. Voici un aperçu équilibré de ses atouts et de ses points faibles.
Les forces : immersion, tension, fidélité
- Ambiance maîtrisée : le jeu réussit parfaitement à recréer l’univers horrifique et claustrophobique d’Alien. Chaque partie est une montée en tension, un huis clos qui pousse les joueurs dans leurs retranchements.
- Système stressant… au bon sens du terme : les dés de stress et les effets de panique apportent une vraie originalité mécanique. Ils traduisent à la table le déséquilibre psychologique vécu par les personnages.
- Fidélité à la licence : que ce soit dans les scénarios officiels ou les illustrations du matériel, l’ensemble est cohérent avec les films, sans jamais tomber dans la caricature.
- Qualité de production : les livres et boîtes sont superbes, bien illustrés, clairs, immersifs.
Les faiblesses : rejouabilité, rigidité, frustration possible
- Scénarios cinématiques peu rejouables : une fois un scénario terminé, difficile de le rejouer avec le même groupe. Cela limite un peu la durée de vie si l’on ne passe pas au mode campagne.
- Létalité parfois frustrante : mourir rapidement peut être immersif… ou décourageant, surtout pour les nouveaux joueurs. Cela demande une vraie préparation mentale.
- Rigidité dans le ton : le jeu est excellent dans ce qu’il fait, mais il laisse peu de place à l’humour ou à l’improvisation décalée. Il impose un certain registre (sombre, oppressant), qui ne plaît pas à tout le monde.
- Coût d’entrée : même si le Starter Set est abordable, le coût des suppléments pour passer au mode campagne peut représenter un investissement.
En résumé, le jeu de rôle Alien est une réussite artistique et mécanique, mais il exige une certaine compatibilité d’attentes. Il ne s’adresse pas à ceux qui cherchent un jeu “fun” ou ouvert, mais à ceux qui veulent vivre une expérience intense, immersive et sans concession.
Conclusion
Le jeu de rôle Alien s’impose comme une œuvre rôliste à part. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais à offrir une expérience de jeu radicale, profondément fidèle à l’univers cinématographique dont il est issu. Grâce à ses deux modes de jeu, à son système mécanique tendu et à son esthétique irréprochable, il permet de vivre des parties d’une intensité rare, entre paranoïa, silence spatial et mort imminente.
À La Compagnie Grise, le club de Limoges, la campagne actuellement en cours en est la preuve : le jeu continue de captiver, de bousculer, de passionner. Pour les amateurs de science-fiction sombre, de survie dramatique, et de rôle intense, Alien est un incontournable.




